Deux questions sur le divan

Dans le cadre d'une psychothérapie de masse et portative, il y a deux sujets qui m'obsèdent et qui mériteraient un long développement si tant est que la logorrhée bloguée soit un traitement efficace, peu sûr mais très économique, de ce genre de travers. Le premier sujet est le déclin inexorable de la nation française que je date de la Débâcle de juin 40 (relire L'Étrange Défaite de Marc Bloch) et de son aggravation sensible depuis l'avènement d'Emmanuel Macron aux affaires.
Pur produit d'alcôve, massacré psychologiquement par une adolescence atypique, littéralement fabriqué par la haute bourgeoisie de gauche, il ne nous a pas compris. C'est aujourd'hui indéniable, à tel point qu'on peut sans rien trahir dire qu'il nous déteste. Nous sommes un obstacle à son ambition de grandeur, grandeur démesurée rapporté à la toise de ses capacités et celles d'un pays qui "fut jadis" mais n'est plus que le souvenir du jadis. L'autre dans ce cas était Nicolas Sarkozy, mais il est au gnouf et nous ne tirons pas sur les ambulances sauf si le plaisir l'emporte.

Le second sujet est métaphysique et se discute plus facilement sur le zinc que dans un cercle de bridge. Sommes-nous à cent pour cent de la poussière d'étoiles ou est-ce plus complexe ? C'est un sujet où l'on peut dire ce que l'on veut parce qu'il est impossible de prouver quoique ce soit. Tout est dans le cortex, tout est une question d'imagination ou de foi. La liberté concédée par ce mystère m'autorise à penser que nous sommes mus par la conjonction active de trois univers, le seul visible étant le corps, que l'âme actionne selon les préceptes de l'esprit. Les deux premiers sont mortels, dans son éternel surplomb le troisième non. Qu'est-ce à dire ? On va le voir, mais retournons au déclin pour garder une certaine cohérence à ce post.


A partir du jour où la première armée européenne s'est laissée écraser en quarante jours de combat de haute intensité par une force mécanique qu'elle était en mesure d'affronter, elle signait le déclassement définitif de la nation qu'elle défendait. Il est pénible de constater que la France perdra toutes les guerres qui suivront, même si des batailles très circonscrites ont pu être remportées, en particulier dans l'hallali de la libération du territoire national après rééquipement complet des régiments de combat par les Américains. Nous nous illustrerons plus tard dans l'extinction de pouilleux à mobylette n'ayant ni artillerie ni aviation mais beaucoup de tchatche et d'acharnement à nous nuire.
Donc nous perdons la guerre d'Indochine puis la "guerre" d'Algérie pour finir piteusement par perdre la petite guerre du Sahel. Pour cette dernière avanie, l'état-major a copieusement enkroumé l'Elysée qui n'y connaissait rien, lui faisant croire qu'on tiendrait cette région immense avec cinq mille hommes et trois Mirage. Il a suffi d'un rien pour tout mettre par terre.

La génération Z n'imagine pas ce que fut la puissance de la seconde thalassocratie mondiale qui se partageait le monde avec la thalassocratie anglaise. Seul des vieux cons, très vieux voire très cons, ont gardé le souvenir souvent livresque de l'empire français et de la diffusion dans les écoles primaires des visages et des mœurs de peuples que nous étions partis "développer" avec la foi du charbonnier-civilisateur en mission. Enfant, j'étais frappé par les visages de tous ces enfants de toutes les couleurs qui partageaient avec moi une langue ô combien difficile et connaissaient l'histoire de la métropole depuis l'ère des Gaulois. Même en province, nous vivions en symbiose avec l'empire, la carrière y était possible à travers l'Ecole Coloniale de l'avenue de l'Observatoire, et le va-et-vient continuel des administrateurs et des entrepreneurs sur tout le territoire brassait des idées venues de loin. Chaque famille un peu étendue avait le sien. Pour faire court, les Français de jadis avaient l'esprit beaucoup plus ouvert que ceux d'aujourd'hui sur le monde, même si une proportion importante de ceux-ci vient de nos anciennes colonies. Le retour de l'élastique quelque part !

La Troisième République impérialiste n'eut de cesse de construire des infrastructures de développement dans toutes ses colonies, infrastructures souvent lourdes et très impactantes comme les voies ferrées, les routes et les ponts, les quais, les ports. L'Indochine a toujours eu la meilleure part de l'effort français, on en voit de très beaux restes.
Elle se fit une obligation de concourir à l'instruction des enfants et créa partout des réseaux éducatifs sur le modèle métropolitain, et des réseaux de santé efficaces et staffés par des congrégations non-lucratives. Ce qu'en fire plus tard les décolonisés n'apporte rien au débat parce que ce n'est plus notre histoire mais la leur. Sauf en Indochine toujours, la faillite y est plus souvent la règle puisqu'avant nous ces peuples n'avaient pas d'Etat.

Après la défaite de 1940 qui sidéra le monde entier, le prestige français disparut outremer et le joug colonial devint subitement plus lourd. On n'imagine pas la force du coup de massue sur les autochtones. Tous les coloniaux de mon entourage étaient d'accord qu'une époque allait finir. Alors que les Anglais, qui étaient parvenus au faite de la gloire à la fin de la Seconde Guerre mondiale, commençaient à décoloniser à grand train - le Raj britannique s'éteint en 1950 (aujourd'hui Inde, Pakistan, Bangladesh et Birmanie) - les Français disqualifiés par les occupations allemandes, italiennes et japonaises, négociaient une forme de pérennisation de leur influence en Indochine et la perdait à Dien Bien Phu.
La guerre d'Algérie est d'un tout autre calibre puisqu'il s'agit là de trois départements français, mais le mauvais choix d'un apartheid qui ne dit pas son nom conduira à ce que nous savons, et là-aussi nous partirons sans défaite militaire pour une fois mais morale. La francisation complète de la colonie réclamait des moyens importants que nous n'avions plus.

Les peuples en eux-mêmes ne nous en ont pas voulu plus que ça puisque les communautés issues de l'empire sont venues nombreuses chez nous, la plus contributive au Pib métropolitain étant celles d'Indochine. On n'en dira pas autant de certains gouvernements comme la junte algérienne qui a ruiné le "butin" (comme ils nomment les infrastructures coloniales) et s'est mis dans un état de calamité sociale et économique grave. Exode massif de la jeunesse, appauvrissement général qui va de pair avec une islamisation soutenue qui veut le gérer, en vain. Mais d'autres pays tiennent la corde, comme le Sénégal dont on attend un retentissant défaut de paiement depuis que le FMI a pris ses cliques et ses claques de Dakar, les laissant s'enfoncer. Ne parlons pas des quatre pays du Sahel en voie de désintégration, de la Cote d'Ivoire convertie en satrapie et du Cameroun regenté par la momie Biya.
Il en restera malgré tout le souvenir d'un essai civilisationnel de développement durable pour le coup, mais qui échoua car trop ambitieux finalement rapporté aux moyens disponibles ; certains diront à contre-courant du sens de l'histoire, même si l'actualité nous suggère aujourd'hui que c'était une sacrée foutaise. « Du temps des Blancs...» entend-on encore en Afrique.

Le plus grave est que ce déclin quasi-continu se poursuive de nos jours alors qu'il nous reste des atouts importants dont la volonté d'innovation et de création qui demeure ancrée dans notre population. Nous reculons partout, absolument partout. François Bayrou nous voyait s'écraser sur le mur de la dette ; Jean-Louis Borloo parle de catastrophe annoncée ; François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, s'émeut de voir la France sur une trajectoire de lanterne rouge de la zone euro sans que cela n'appelle aucune révolte de la classe politique qui en reste au clientélisme mortifère et aux obsessions de boutique.
La pente s'est amorcée avec l'avènement de Valéry Giscard d'Estaing qui, au prétexte de vider le Programme Commun de sa substance, a commencé à redistribuer le capital accumulé par les mandats précédents, sans augmenter en même temps la production de valeur. Le choc pétrolier et la gestion comptable du meilleur économiste de France eurent raison du septennat qui s'acheva sur la victoire de l'utopie rousseauiste de François Mitterrand. Nouveau converti au socialisme des musées, il a cassé les structures de production pour rémunérer l'électorat qui l'avait porté au pouvoir. Les "avancées sociales" n'étaient pas financées par un accroissement de la richesse produite, et un climat hostile aux affaires - sauf pour celles concernant son entourage - marquera au fer rouge toute une classe d'entrepreneurs qui prendront leurs marques ailleurs. C'est là que commença l'exode du capital.

La suite, on la connaît, le redressement n'a jamais eu lieu, au contraire, parce que le paradigme est perdant perdant, tant pour la nation que pour les catégories sociales qui la composent. Certes une frange privilégiée (mais beaucoup n'ont pas commencé avec la cuiller d'or dans la bouche) sut tirer son épingle du jeu et amasse des fortunes - le parti des glandeurs veut les punir - mais elle ne réinjectera de la valeur dans l'économie que si la sphère politique arrête de faire la toupie et si le pays a un projet dans lequel s'inscrire. On en est loin. Très loin même avec M. Macron qui ne sait pas du tout où il habite et qui a perdu toute considération à l'étranger à chercher vingt sous pour faire un franc, tout en distribuant des promesses chiffrées à tout le monde (même à l'Afrique du Sud).

Que nous promet 2027 ? J'en tremble !
Des présidentiables en lice il n'y a au moment rien de rassurant. Passons en revue les noms donnés par les instituts de sondage (clic)qui nous disent quoi penser !
  1. Jordan Bardella, famille Le Pen, bac-plus un-demi, l'énigme du fachisme post-mussolinien sous Pento ; a le soutien de tous les bac-moins du pays qui veulent foutre les nègres à la mer comme les Palestiniens les Juifs.
  2. Edouard Philippe, ancienne écurie Juppé, est un malthusien habité par le principe de précaution qui refuse le canal Seine-Nord réclamé par la batellerie au motif que les Hollandais viendront prendre du fret au Havre. Le même a fait diminuer la vitesse maximum sur route à 80 km/h pour sauver 400 vies par an dans un pays où meurent 1770 personnes par jour !
  3. Jean-Luc Mélenchon, enfant de cœur à Tanger grâce à sa mère espagnole, devenu stalinien à Paris, riche assez sur frais de mandat mais pas trop pour pouvoir taxer les ultra-riches afin que les assistés professionnels survivent à la banqueroute annoncée ; même en Russie son programme de confiscation générale ne passerait pas ;
  4. Raphaël Glucksmann, intellectuel de gauche issu d'une famille mao-spontex reconvertie au libéralisme éclairé, joue de son entregent et de sa judéité pour libérer les opprimés des systèmes communistes, un peu daté certes mais plaît aux électeurs socialistes en mal de reconnaissance sociale qui refusent les frondeurs pourrisseurs du Parti hollandien ;
  5. Bruno Retailleau, ancienne écurie de Villiers, Sarkozy en réduction 7/8ème, même parcours au mot près mais n'aura pas Ségolène Royal en face de lui pour achever son projet d'imperator raccourci ;
  6. Reste dans les 3%+ : Marine Tondelier (écolo intarissable autant que pénible); Eric Zemmour qui confond lecteur et électeur mais qui fera l'appoint au Rassemblement national, son seul atout est Sarah Knafo ; Fabien Roussel (communiste relooké social-démocrate) qui fait sympa mais pas jusqu'à l'isoloir ; Dominique de Villepin qui a acheté un grand miroir en pied pour mettre dans son salon ;
  7. N'a pas été testé par l'Institut Elabe, Gabriel Attal, élève brillant, ministre un peu moins, intelligent toujours mais copycat de son mentor en politique, ce qui le dessert. Pourrait surprendre.

On va où avec cette équipe ? Certainement à la victoire pour la France. On monte ?


La nature ternaire de l'homme (corps+âme+esprit) est une spéculation très ancienne, sans doute née sur les rives du Gange, et que Joseph de Maistre résumait ainsi dans ses longues soirées d'ennui à Saint-Pétersbourg : « Toute intelligence est par sa nature même le résultat, à la fois ternaire et unique, d'une perception qui appréhende, d'une raison qui affirme, et d'une volonté qui agit ». Il ne le pouvait prouver chimiquement mais son hypothèse vérifiait tant de situations problématiques que son époque l'adopta. L'âme meut le corps sur les principes de l'esprit. Elle n'est pas immortelle comme lui mais lors de sa séparation du corps, elle entre en dormition ; de mémoire, c'est du prophète Ezéchiel. A la fin du XIXè siècle, on vit partout fleurir les cercles d'occultisme connectés au monde caché. De grands esprits pratiques comme Paul Carton, thérapeute naturaliste d'importance dont les préceptes sont toujours d'actualité, y prêtèrent leur concours ; le Dr Carton dans un ouvrage intitulé "Sciences Occultes" (Editions Saint-Rémi aujourd'hui) poussa les choses assez loin jusque dans la poussière des pièces obscures de la maison. On y retrouvait de nombreux éléments constitutifs de la Gnose et même l'arbre doctrinal des Bons Hommes de la tradition dualiste (cathares languedociens). Ça ne pouvait que plaire aux Français en recherche d'eux-mêmes, orphelins d'un modèle naturel jeté au ravin par des esprits supposés forts qui pensaient s'affranchir de toutes contraintes hormis celles de leur idéologhie.

De nos jours, la transmission instantanée de données de toute nature sur toute distance fût-elle cosmique (un peu moins instantanée là) illustre mieux qu'hier la connexion à distance âme-esprit. Est-ce l'esprit ce dieu que recherchent tous les peuples de la terre depuis Rahan ? Est-il localisable ou immanent et partout comme le suggère le shintoïsme, à l'image du mycélium mycorhizien des champignons ? Nul ne le prouve mais tant y croient qu'on peut "raisonnablement" se satisfaire de l'idée que notre confort mental varie avec la qualité de la connectivité âme-esprit, en ce qu'elle reçoit plus ou moins clairement les directives de l'esprit. L'apaisement est une manifestation du fort et clair de la directive. Le bonheur est dans l'accord des fréquences, l'harmonie.

Plus loin. Qu'est-ce à la fin le bouddhisme ? Sinon une recherche illimitée de la meilleure connexion possible entre l'animalité de l'espèce humaine prisonnière de sa guenille et la sérénité de l'Eveillé. Si le bouddhisme se fonde sur la méditation, il a su en créer très tôt les complications nécessaires à son exercice. C'est une religion particulièrement complexe surtout dans son expression du "petit véhicule" qu'une seule vie humaine ne suffit pas embrasser dans sa totalité. On peut s'y noyer mentalement et philosophiquement, au milieu des sourires compassés qu'on vous offre dans des jardins parfumés d'encens. Il n'est pas dans mon intention d'en résumer ici quoi que ce soit ; pour avoir lu quelques ouvrages, c'est carrément impossible, le foisonnement des concepts interdit la synthèse. Je n'en ai jamais lu aucune qui ne soit pas de l'amputation.

A se former au bouddhisme - il y a pire comme loisir d'hiver - je recommanderais les ouvrages de Matthieu Ricard qui approche cette Vérité avec un esprit français très délié et accessible pour nous, mieux que ceux d'un grand maître tibétain laborieusement traduit dans une langue occidentale mimétique comme l'anglais ou l'allemand. Par sa mathématicité, le français est parfois plus clair que l'original, comme le montre par exemple la traduction française de La Volonté de puissance de Nietzche par Henri Albert (Editions du Trident). Il existe des thèses sur les trahisons du traducteur malgré lui. L'ouvrage cité est la pierre d'angle de l'athéisme moderne. Implacable. Je ne le recommande pas aux esprits inquiets.
On mettra à part Le Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché et quand vous aurez compris, il sera temps d'entrer dans la doctrine de la Vacuité bouddhique qui relègue toute autre religion au rayon des légendes et chroniques des temps anciens.
Voilà ! Nous porterons-nous mieux ce soir ? J'en doute un peu mais ce ne sera pas faute d'avoir essayé.

Commentaires

  1. Son Excellence Sarkozy de Nagy-Bocsa a été placé chez lui sous contrôle judiciaire strict avec interdiction d'approcher les autres prévenus dans l'affaire libyenne, pas plus que le Garde des Sceaux son ami. On prépare l'appel, le Parquet plus que jamais qui a été débouté en première instance, parce que son intime conviction n'a pas suffi.

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