Lectures du jour

J'ai acheté le Goncourt tant on m'en avait dit du bien. Surtout Jean-Paul Brighelli ; même si Juan Asensio me semblait réticent. Mohamed Machin est un virtuose de l'écriture, vraiment, et je me suis engouffré dans son histoire avec délectation. Pur plaisir du texte... jusqu'à m'ennuyer. Son canevas ne m'intéresse pas, il est putassier et conduit pour plaire au microcosme parisien. Il a plu. Je vais offrir le bouquin. J'ai d'autres fers au feu, les tragédies de Sophocle. En chevet. Quand on relit les "antiques" - ah oui, j'ai fait l'Apologie de Socrate en décembre - on se sent rapetisser au niveau de l'insecte. Putain ! L'esprit humain n'a pas fait un mètre depuis la Grèce. Quand on imagine la production de pensées depuis cette époque, on a le vertige. Tout ça pour ca. Mon père disait parfois la sentence célèbre de Pascal : « nous sommes nés trop tard en un monde trop vieux ». Pessimiste mais si vrai ! Cela fait longtemps que je lis les Grecs pour finir par m'apercevoir qu'ils étaient au-dessus de la mêlée, hors de la quatrième dimension. Bien traduits pour les lecteurs d'aujourd'hui, ils écrasent la concurrence. Le reste est barbarie. Notre "culture" judéo-chrétienne est barbarie. Elle est pleine de nécromanciens et d'imitations des cultes indo-mésopotamiens. A preuve, l'Eglise romaine a réinventé la mythologie dans la communion des saints, sauf qu'elle ne peut pas les utiliser dans sa dialectique comme le firent les tragiques grecs. On n'écrit pas Peau d'âne en latin ! Oui, ça n'a rien à voir. Ces auteurs étaient condamnés à divertir et se soumettaient à des concours de théâtre, lesquels auraient-ils été maintenus jusqu'à maintenant que nous aurions économisé bien des mauvaises pièces et des subventions. Mais on n'entrera pas dans cette grande déception aujourd'hui. Il y a pire.

La justice américaine, la plus grotesque du monde vient de condamner la sous-maîtresse du bordel Epstein pour avoir raccolé de jeunes putes qu'on emmanchait dans ces messieurs de la haute, comme on le fit depuis que le monde est monde. Ah oui, il y a le cadet de la Reine qui a trempé le biscuit. Elle s'en vantait la salope ! Tous mes vœux à Ghislaine Maxwell pour la main tendue aux bande-mous. Le puritanisme américain est redoutable, la morale américaine m'a toujours fait rigolé : je revois l'interview de John McCain dans son lit d'hôpital à Hanoï par François Chalais : « je revenais de bombarder la ville de Hanoï quand soudain...» Impayable ! Alors laissons le pire.

Laetitia Casta passe à la télé ces temps-ci pour vendre sa pièce. Pur soleil. On est amoureux dans la minute. Quoiqu'elle dise. C'est sa façon de le dire. Plus on avance en âge, plus on désire aimer. Rattraper du temps. Ça fait partie de la punition de l'espèce. On compense en tendant l'oreille à l'intelligence quand elle fuse au hasard d'un passage en pharmacie, à la boulangerie ou sur un banc du quai face au fleuve. Mais c'est en vacances que les chances sont les plus grandes d'être apaisé par le sexe opposé. Je me souviens d'une actrice asiatique au visage dur que j'avais croisée au Quinze Août de Sumène et qui avait stoppé son regard sur moi, me prenant pour un autre. Nous pûmes échanger quelques mots pour lever la méprise ; elle me trouva sembla-t-il intéressant bien que je n'eus rien dit de très savant et sa façon de parler, les yeux en-dessous, m'avait stoppé moi-aussi. Les jours suivants de la fête foraine, elle revint avec des gamins qu'elle hébergeait dans un mas perdu, mais j'ai compris et sans doute réciproquement comprit-elle, que ce que nous dirions allait nous engager dans une conversation sérieuse, trop sérieuse pour nos entourages, sauf à s'enfuir ! Ayant déjà donné, je me retins. Finalement il ne faut pas.

J'attaque Le Vent de la nuit de Michel del Castillo.